Armel Tripon et Les P’tits Doudous lancent la construction d’un IMOCA en carbone ré-employé

En 2021, Armel Tripon annonçait son souhait de disputer le prochain Vendée Globe à la barre d’un IMOCA né du ré-emploi de fibres de carbone déclassées, fruit de la collaboration avec le Technocentre d’Airbus à Nantes. Deux ans plus tard, ce projet devient une réalité dont la construction a débuté il y a quelques jours au sein du Chantier Duqueine Atlantique, en Loire-Atlantique. Issu d’un plan VPLP et drapé dans le moule du bateau de Boris Herrmann, ce monocoque portera les ambitions sportives d’un skipper déterminé à démontrer qu’il est possible de combiner performance et éco-responsabilité et toute l’énergie et l’engagement des soignants des P’tits Doudous qui donneront leur nom au bateau, soutenus par tout un collectif d’entreprises engagées auprès de l’association.

« Nous n’avons jamais cessé d’y croire ! »

Il y a deux ans et demi, c’était un projet dont l’annonce était accueillie avec enthousiasme et intérêt de la part de tous, acteurs de la course au large, de l’aéronautique ou encore soignants. Aujourd’hui, c’est une réalité qui prend forme près de Nantes, au chantier Duqueine Atlantique. Même s’il avoue avoir parfois encore du mal à réaliser, Armel Tripon peut enfin dévoiler officiellement que la construction de son IMOCA qui portera les couleurs de l’association Les P’tits Doudous autour du monde, est belle et bien lancée. « Nous avons parcouru un long chemin, en partant de cette idée de faire ce bateau innovant, aux couleurs de l’association dont je suis le parrain, évoque le skipper nantais. Il a fallu être convaincants pour embarquer des partenaires et réussir à constituer un pool de trois banques pour nous permettre de lancer cette construction. Nous n’avons jamais cessé d’y croire ! Aujourd’hui, le fait de voir la coque se construire est un soulagement. J’ai parfois encore du mal à réaliser ! Dans le montage du notre projet tel que nous l’avons conçu avec Les P’tits Doudous, il y a eu un partage du stress. La grande chance pour moi, c’est qu’eux sont, au quotidien, confrontés à cette gestion de la pression, de la vie. J’ai été porté par leur sérénité, par cette confiance, ce positivisme ». 

@Jean-Louis Carli

Une opportunité collective pour la course au large

Fabriqué à partir de carbone ré-employé fourni par Airbus, ce plan VPLP, dont les pièces d’accastillage seront usinées à partir de titane collecté dans les blocs opératoires (matériel orthopédique) et chez des fabricants, sera le premier monocoque océanique à emprunter cette voie raisonnable et raisonnée sans faire de concession à la performance. Parce qu’un moule de coque en lui-même génère des déchets, Armel Tripon avait d’emblée fait le choix d’utiliser celui du Malizia de Boris Herrmann pour le sien, optant pour un pont très différent. Une ré-utilisation qui a fait naître une riche et étroite collaboration avec le navigateur allemand et toute son équipe, ces derniers n’ayant pas hésité à partager leur retour d’expérience suite à leur participation à The Ocean Race. Il faut dire que cet esprit de coopération et de prise de conscience de la nécessité d’agir maintenant pour une course au large moins gourmande dans la conception de ses bateaux notamment, est une préoccupation première de la Classe IMOCA qui soutient le projet d’Armel Tripon depuis le début. « La Classe IMOCA est un laboratoire d’innovation, confirme Antoine Mermod, son président. Quand Armel nous a décrit les ambitions de son projet, nous avons rapidement vu la formidable occasion de tester une voie différente d’envisager la construction de nos bateaux. Nous investiguons et progressons depuis plusieurs années avec les différents acteurs vers des solutions nouvelles pour réduire l’impact de la construction. Celle proposée par Armel s’inscrit dans cette démarche et sera intéressante à voir évoluer. »

« Ce chantier va permettre de valider des choses à l’heure où il y a obligation à changer nos habitudes, y compris dans la construction des bateaux, ajoute le skipper des P’tits Doudous. C’est une opportunité pour tout le monde et j’en suis fier. Si demain on arrive, par exemple, à avoir une filière d’accastillage en titane recyclé, en collaboration avec Karver, on aura fait un grand pas en avant ! »

Une grande première pour Duqueine Atlantique

Prestataire spécialisé dans l’industrie aéronautique et notamment pour Airbus, Duqueine Atlantique avait la volonté de diversifier ses domaines d’expertises et, une approche qui avait séduit le skipper des P’tits Doudous ; la construction « en urgence » d’un mât neuf pour remplacer celui de l’Ocean Fifty après son chavirage en avril 2022 ayant achevé de le convaincre qu’il avait trouvé le chantier qui allait construire son IMOCA. Totalement acquis au projet, les équipes installées à Malville (44) ont construit un bâtiment spécifique pour accueillir le premier bateau de leur histoire et relever un challenge qui mobilise aujourd’hui les compétences et l’envie de toute l’entreprise. « C’est une grande aventure, un projet inédit pour nous de pouvoir réaliser un ensemble de pièces aussi grand et un bateau pour faire le tour du monde. Cela soulève une belle énergie en interne et un vif enthousiasme de la part de toute l’équipe, détaille Nicolas Henry, Directeur de Duqueine Atlantique. Techniquement c’est évidemment un enjeu unique que de construire le premier bateau en carbone re-employé. Mais nous nous sentons capables de relever ce défi grâce, notamment, à notre expertise dans l’aéronautique. Armel fait partie de ceux qui sont capables de prendre des risques que d’autres n’avaient pas osé prendre. Il mise sur nous et il est hors de question de le décevoir ! Il sait aussi qu’il va avoir affaire à une équipe qui fera tout pour lui livrer un beau et bon bateau. C’est gagnant/gagnant ! »

Armel et l’équipe de chez Duqueine Atlantique

L’humain au cœur de l’aventure

Mais la singularité et la force de ce projet ne résident pas uniquement dans la spécificité de ses matériaux de construction ou dans le choix d’un chantier dont l’exigence et la fraîcheur sont un véritable atout. Le ciment de cette aventure est avant tout l’humain et ce lien indéfectible entre Armel Tripon, connu autant pour son talent en mer que pour ses qualités à terre, l’association Les P’tits Doudous et tous les soignants qui la composent. Derrière eux, un collectif inédit de partenaires engagés et un pool de trois banques se sont mobilisés pour donner corps à ce défi. « C’est un challenge collectif que d’embarquer les soignants et les salariés des entreprises qui nous soutiennent à bord d’un même bateau, évoque Nolwenn Febvre, Présidente et Fondatrice des P’tits Doudous. Nous nous engageons aujourd’hui dans un projet sportif, performant à l’image de notre quotidien de soignants. Ce challenge est certes ambitieux mais nous nous devons de le mener au mieux et de nous donner toutes les chances de réussir, par respect pour les enfants, les soignants et les salariés des entreprises mécènes qui nous suivent et nous soutiennent ! »

Avec le lancement de la construction de cet IMOCA, une première course débute ; celle qui permettra aux P’tits Doudous de s’aligner au départ de leur première épreuve et de démontrer, au large, que « cela semble toujours impossible, jusqu’à ce qu’on le fasse » (Nelson Mandela).

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