Armel Tripon cherche des partenaires pour financer son futur Imoca en carbone déclassé

Armel Tripon cherche des partenaires pour financer son futur Imoca en carbone déclassé

En septembre dernier, Armel Tripon annonçait son intention de participer au Vendée Globe 2024 sur un Imoca construit avec du carbone déclassé de l’aéronautique. Une collaboration inédite a été installée avec le Technocentre AIRBUS de Nantes. Des rebuts hospitaliers de pièces composites en titane seront aussi réutilisés sur ce bateau aux couleurs de l’association « Les P’tits Doudous » pour laquelle Armel Tripon avait couru la dernière Transat Jacques Vabre et courra sur la Route du Rhum 2022.

Le navigateur nantais espère concrétiser sa démarche en lançant, en juin prochain, la construction de ce monocoque qui prendra la forme du sistership du futur bateau de Boris Herrmann, sur des plans signés du cabinet VPLP Design, afin d’être au départ du Vendée Globe 2024. Pour cela, il lui faut trouver des partenaires qui financeront ce beau projet.

« Mon but est de concilier haute performance et réduction de l’empreinte carbone » expliquait-il récemment dans une interview accordée à Voiles et Voiliers.

Premiers tests concluants sur le carbone déclassé

Le dernier Vendée Globe a livré de nombreux enseignements aux différents acteurs du monde de la course au large. De cette première expérience, Armel Tripon est revenu avec l’envie d’y retourner à bord d’un bateau performant mais de manière plus responsable. Ces réflexions et cette volonté d’alléger son impact environnemental l’ont alors amené à se tourner vers le Technocentre AIRBUS de Nantes, plateforme technologique destinée à accompagner des initiatives innovantes sur des mises en œuvre de matériaux composites à hautes performances. De leurs échanges est né le projet d’un IMOCA plus vertueux, construit à partir de fibres de carbone déclassées, dont la date d’utilisation est dépassée pour l’aéronautique, mais pas pour l’architecture navale. À ce réemploi de carbone, viendra s’ajouter l’usinage de pièces à partir de titane collecté notamment dans les hôpitaux, via les soignants de l’association « Les P’tits Doudous ».

80 % du carbone utilisé pour la construction sera du carbone re-use

Depuis l’annonce de ce projet innovant, des premières étapes ont été franchies. « Nous avons lancé une première série de tests en éprouvettes, explique Armel Tripon. Ils nous confirment que nous pouvons bien cuire la fibre de carbone à 135° comme le stipule la jauge IMOCA, quand l’aéronautique pousse la cuisson à 185°. Aujourd’hui, nous savons donc que nous pouvons garder intègres les propriétés de la matière qui va nous permettre de construire un bateau performant et fiable, tout en respectant les règles de la Classe au sein de laquelle nous courrons. 80 % du carbone utilisé pour la construction sera du carbone re-use ».

Cette étape de tests validée, le navigateur et son équipe espèrent lancer la construction de ce bateau à compter de juin prochain. « Ce bateau sera un plan VPLP, sistership du bateau de Boris Herrmann, dévoile Armel. Il tient compte des enseignements du dernier Vendée Globe et notamment du choix de carène que j’avais fait pour mon bateau à l’époque. Je n’ai pas apporté de modification particulière au dessin validé par l’équipe de Boris ; les choix opérés me convenaient parfaitement. L’objectif est de lancer la construction en juin 2022 pour une mise à l’eau au printemps 2023 ».

Un plan VPLP pour une construction lancée en juin 2022

En faisant le choix de partir sur un dessin déjà existant, Armel Tripon a donc poussé plus loin cette démarche visant à limiter son impact, tant on sait que la fabrication d’un moule à « usage unique » engage nécessairement une production de déchets supplémentaires. Une façon d’aborder les choses dans laquelle se retrouve parfaitement Vincent Lauriot-Prévost, du cabinet VPLP Design, architecte du bateau : « Notre idée était de proposer un bateau polyvalent, qui accepte des conditions de navigation un peu compliquées, voire dégradées, un peu comme un 4X4 finalement. Cela va jouer sur les foils et sur la carène qui aura une forme en adéquation avec cette philosophie. Armel avait initié cette réflexion pour son dernier bateau. Sa manière d’aborder la construction va dans le sens de notre démarche. Le fait de ré-utiliser un moule existant permet d’envisager une construction plus éco-responsable. Nous trouvons particulièrement intéressant le fait de pouvoir bénéficier d’un matériau très performant et haut de gamme comme ce carbone déclassé, en l’intégrant dans une démarche plus vertueuse, mais sans concession à la performance ! ».

Si les aspects techniques du projet affichent des voyants au vert, il reste encore à le financer, à raison d’un budget de 2 millions d’euros par an entre 2022 et 2024. En la matière, la dynamique engagée lors de la dernière édition de la Transat Jacques Vabre autour des « P’tits Doudous » est la meilleure des locomotives. Rappelons que, pour la première fois, l’association dont Armel Tripon est le parrain et qui accompagne les enfants opérés, s’affichait en format XXL sur l’Ocean Fifty du marin, et ce grâce au soutien de partenaires qui lui avaient laissé le nom de course. Ce format de soutien, éligible au mécénat et permettant aux entreprises de communiquer autrement et aux soignants de valoriser leurs actions, va se poursuivre sur la prochaine Route du Rhum – Destination Guadeloupe.

Les P’tits Doudous ouvrent la voie à d’autres partenaires

Dans la continuité, l’IMOCA portera lui aussi les couleurs d’une association qui a d’ores et déjà lancé la collecte de titane dans les hôpitaux pour qu’il soit fondu et transformé en pièces pour le bateau. Une mobilisation qui ne cesse de grandir comme l’explique Nolwenn Febvre, Présidente et Fondatrice de l’association « Les P’tits Doudous » : « Nous ressentons d’ores et déjà un engagement fort pour ce projet de la part des soignants partout en France. L’engouement au sein du réseau est tel, qu’il est fort probable que le premier ticket à 100 000 € soit celui des 108 associations. Par ailleurs, la collecte du titane qui permettra d’usiner les pièces est en place depuis plusieurs semaines dans les différents hôpitaux et chez nos partenaires. Les P’tits Doudous ouvrent la voie à d’autres partenaires pour s’inscrire dans la dynamique née sur la Transat Jacques Vabre ».

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